30 mars 2015

Affaire n°061: "Next (le prochain)" de Jérôme Fort. Deuxième interrogatoire.




Deuxième rendez-vous pour l’interrogatoire d’un meurtrier. Cette fois-ci c’est Jérôme Fort qui a eu la gentillesse de prendre le temps de répondre à mes questions.
C’est un auteur que j’ai eu la chance de connaître grâce à mon partenariat avec les éditions Publibook.
Vous pouvez retrouver ma chronique de son roman "Next (le prochain)" ici.


Bonjour, cher meurtrier, merci d’avoir accepté d’être interviewé.
Pour les enquêteurs qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter un peu, nous raconter votre parcours ?
J’ai 44 ans et je vis dans un village à quelques kilomètres de Grenoble, au pied du massif de la Chartreuse.
Depuis mes études supérieures de commerce, j’occupe des fonctions d’encadrement dans la distribution spécialisée.
Je trouve mon équilibre entre pratique d’activités sportives et artistiques; mes nourritures indispensables du corps et de l’esprit…
Côté lecture, j’ai une forte appétence pour les polars et le genre « thriller ».
Même si mes lectures sont très éclectiques (romans philosophiques, d’aventures, scientifiques, historiques, sur la psycho-sociologie, etc), je reviens toujours au polar.
Mes écrivains préférés qui me viennent spontanément sont Maxime Chattam, Henri Loevenbruck, Stephen King, Fred Vargas, Sir Arthur Conan Doyle, Bernard Werber, Harlan Coben et j’en oublie tant d’autres.
Sinon, j’adore écrire le soir. Un fond musical, une bougie et les ténèbres de la nuit deviennent mes meilleures sources d’inspiration.

Vous avez déjà écrit des histoires pour enfants, comment vous est venue l’idée d’écrire un polar ? Ce sont deux univers très différents.
J’ai fait mes premiers pas lorsque j’étais lycéen et étudiant, à travers l’écriture de poèmes et de chansons, pour mon groupe de rock.
C’est à la trentaine, que je me suis réellement essayé à l’écriture, en rédigeant des contes pour enfants, en prose ou en vers. L’univers de Tolkien me fascine et c’est ce vers quoi je me suis orienté dans cet exercice.
Je crois que j’avais toujours eu l’envie d’écrire, mais que je n’avais jamais réussi à sauter le pas, pensant que c’était un « noble art » réservé à une élite, dont je ne faisais pas partie.
Ce n’est qu’en août 2009, que j’ai eu l’idée d’un polar. L’idée m’est venue alors que j’étais chez moi, en train de lire, d’ailleurs. Une idée a germé. Je me suis saisi d’un bloc de feuilles et d’un crayon, et j’ai couché sur papier les grandes lignes de ce qui allait devenir "Next", trois ans plus tard.
Ce que j’aime avant tout, c’est la construction micrométrique, voire chirurgicale, d’un scénario et la psychologie des personnages. A la base et en ce qui me concerne, on construit plus un polar qu’on ne l’écrit. C’est ce travail d’organisation des idées et de recherche qui m’anime. Je ne pars pas d’une page blanche. J’adopte un vrai processus dans la construction de mon histoire et dans sa rédaction.
Le plus amusant, c’est que la première personne pour qui on écrit est soi-même. Enfin, en ce qui me concerne. Quel comble de l’égoïsme quand même ! Je ne me suis jamais dit : "tiens je vais écrire un livre et je vais le publier". J’ai simplement écrit une histoire qui m’a fait "voyager" et que j’ai fait lire à quelques amis. L’engouement a été général et sous la pression environnante, je n’ai pas eu d’autre choix que de trouver un éditeur… Je me suis presque fait happer par mon roman. La suite de l’histoire, ce sont les lecteurs qui l’écriront. Alors, "next"…

Comment avez-vous créé le tueur à la mascotte ?
Je vais essayer de répondre, sans pour autant déflorer quoi que ce soit de l’intrigue. Pas facile…
J’ai absolument cherché à ce que le tueur soit différent de ce que l’on trouve généralement dans un polar. J’ai voulu surprendre. Surprendre, tant par le personnage qu’on va découvrir au fil des pages dans le roman que par sa personnalité. Je l’ai souhaité intelligent, cultivé, sensible, manipulateur et surtout, je n’ai pas voulu en faire un monstre. Même s’il est machiavélique au possible et horrible, on pourrait presque arriver à lui consentir un peu de compassion. C’est un tueur qui a un vrai mobile, de véritables objectifs et c’est ce qui fait défaut aux enquêteurs tout au long de l’histoire. Pour cela, j’ai étudié les comportements des serial killers, certaines maladies psychiatriques, etc. Pour autant, le tueur n’est pas "fou" comme on pourrait l’imaginer au travers de mes propos. Il est froid, réfléchi et répond à une "ligne de conduite". Et puis, pour bien comprendre en quoi le tueur à la mascotte est différent et se démarque des tueurs généralement rencontrés dans les polars, il faut lire le livre…

Si vous deviez choisir un passage de votre livre que vous avez particulièrement aimé écrire, ce serait lequel ?
C’est un choix difficile !
Les dernières lignes du chapitre 3, car le ton est donné et l’histoire est lancée.
Les dernières lignes du chapitre 11, car à la différence de la fin du chapitre 3, on ne vit pas un meurtre du côté de la victime, mais du côté d’un tiers. Pour autant dans les deux cas, on note toute la portée du désespoir et de la terreur.
J’ai eu aussi beaucoup de plaisir à écrire le dénouement final, où tout est dévoilé.

Comment écrivez-vous ? Vous avez un rituel, des petites manies, un endroit où l’inspiration vous vient plus facilement ?
Je n’ai pas vraiment de rituel à proprement parlé, mais j’ai besoin de me créer une « bulle ».
J’écris principalement le soir et la nuit, chez moi. Tout est calme et rien ne peut interférer dans l’écriture.
En général, j’ai toujours un fond musical que j’adapte au rythme des chapitres que je veux écrire. A ce moment, l’imaginaire décolle plus vite et je visualise mon histoire comme un film. Les pensées ont plus de consistance.

Avez-vous un projet de futur livre ? Si oui pouvez-vous en parler un petit peu ?
Oui, j’ai plusieurs histoires en poche…
Pour l’instant, je n’ai pas fait de choix véritable.
J’hésite entre un autre polar/thriller et un roman qui serait original dans sa construction et son écriture. J’ai des idées en maturation. A suivre…

Que pense votre entourage de votre roman "Next (le prochain)" ? L’ont-ils lu ou pas du tout ? Et qu’est-ce qu’ils en ont pensé ?
Je crois qu’une bonne partie de mon entourage a lu mon roman.
A l’unanimité ils l’ont adoré, mais je crains toujours le manque d’objectivité de leur part, car l’affect peut fausser le jugement.
Je m’en remets plus facilement aux personnes extérieures avec qui je n’ai aucun lien. Je pense notamment aux éditeurs, aux libraires, aux bloggeurs, à vous…

Et enfin, pour vous quel serait le meurtre parfait ?
Le meurtre parfait n’est pas un crime non résolu, car sinon l’enquête ne s’arrête vraiment jamais. Pour moi, un crime parfait est un crime résolu mais avec un mauvais coupable…

Merci de m’avoir accordé un peu de votre temps cher meurtrier, un dernier mot pour la fin ?
Plus qu’un mot, un remerciement !
Je vous remercie de pouvoir aider de "jeunes" auteurs à passer de l’ombre à la lumière.
Merci de nous donner notre chance ! Merci de nous mettre en avant !
Il faut savoir que l’offre littéraire en France est pléthorique et qu’il est extrêmement difficile de se faire éditer dans un premier temps, puis de se faire distribuer. Ce sont deux choses bien différentes.
Il ne suffit pas d’être "bon" pour sortir du lot. Il faut être excellent et se démarquer des autres par son originalité, si on veut voir son livre positionner dans les linéaires des libraires, avec une étiquette "Coup de cœur".
C’est donc très touchant et gratifiant d’avoir de la reconnaissance par des passionnés comme vous.
Alors un immense merci à vous et longue vie au blog "Fais-moi peur !"

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup sa réponse pour le meurtre parfait !!
    Et super interview !! J'ai trouvé très pertinente ta question où l'auteur doit choisir un passage de son livre ;)

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  2. J'aime beaucoup la complicité qui apparaît lors de la lecture des réponses, c'est une très belle interview !

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A vos claviers chers enquêteurs !

(je réponds à tous les commentaires sur votre blog)